A travers les mots saisissants de Jérôme Colin, quelle immersion poignante de partir à la rencontre des « dragons ». Adolescent(e)s invisibilisé(e)s, habité(e)s par le mal-être, en conflit avec leur famille, l’école, …,profondément blessé(e)s et malheureux/ses de ne pas comprendre leur place ici-bas…
Le court roman « les dragons » démarre par une décision soudaine de Léa, en couple avec Jérôme depuis 10 ans, de s’éloigner de lui…faute de pouvoir se projeter, les années passant, dans un avenir constructif… tel que se plonger ensemble dans l’aventure familiale. Par amour, elle a longtemps tenté de le sortir de ses silences, de ses absences et de ses nombreuses angoisses jusqu’à se résoudre à 35 ans à s’éloigner de cette immobilité qui les consume peu à peu.
Ainsi, on découvre Jérôme adulte, seul au milieu de sa bibliothèque, avec le regard accroché par une phrase de P.Roth : « Penche-toi sur ton passé. Répare ce que tu peux réparer. Et tâche de profiter de ce qui te reste », qui résonne fort en lui et qui l’invite à raconter par écrit ses souvenirs d’enfance.
A 15 ans, interné sur décision de justice, dans un centre de soins psychiatriques pour adolescents de 13 à 18 ans, il y rencontre « les dragons », des adolescents perdus face à leurs monstres, malheureux dans ce monde qui ne leur plaît pas, épuisés et en grande souffrance de ne trouver leur place nulle part…dont la bouleversante Colette aux « bras lacérés jusqu'aux épaules, incisions profondes et crâne rasé » dontil tombe instantanément amoureux…
Jérôme Colin met en lumière le mal de vivre de ces jeunes (« Je ne savais pas qu’on pouvait avoir vécu si peu et déjà souffrir si fort, si intensément), leur sensibilité, leur honnêteté envers eux-mêmes en n’ayant pas honte d’exprimer à leurs pairs et aux soignants comme le monde les affecte…Et, souligne l’importance d’avoir quelqu’un à qui parler…et comme « la force est d’aimer le faible ».
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