L’été est souvent propice à la découverte de nouvelles lectures, alors voici un petit florilège de pépites émotionnelles qui pourraient capter ton attention …
Découverte pendant le confinement, la merveilleuse plume de Valérie Perrin avec son roman « Changer l’eau des fleurs », dévoré d’un trait, nous conte l’histoire de Violette (garde cimetière en Bourgogne). C'est le cœur en bandoulière, traversé par un flot d’émotions vives et les yeux embués et attendris, que nous cheminons à ses côtés tout en étant scotchés par les rebondissements, transportés par les airs entêtants qui défilent en déambulant dans ce cimetière où nous sommes cueillis par des anecdotes bouleversantes ! Un plaisir certain d’accompagner certains personnages terriblement attachants derrière leur(s) fêlure(s), et que d’imagination et d’intensité de bout en bout. Et ces citations qui résonnent : « On ne rencontre jamais les gens par hasard. Ils sont destinés à traverser notre chemin pour une raison ». « Le curseur du chagrin qui me broyait les os était puissant au maximum de l’insupportable ». Quelle plume délicate, haletante et gorgée d’émotions distillées ici et là qui nous saisissent quand nous ne nous y attendons pas.
Un autre grand coup de cœur à partager est le roman « Mademoiselle Papillon » d’Alia Cardyn. Une double dose d’Emotions à le parcourir, d’une part avec une plume agréable qui nous happe et nous enchante au travers de la mise en lumière de Thérèse Papillon, cette femme extra-ordinaire pleine d’humanité qui a bouleversé bien des vies en de nombreuses décennies ; et d’autre part, avec l’immersion mouvementée dans la mystérieuse atmosph’air des nouveaux nés prématurés auprès de Gabrielle…dont le regard, peu à peu, s’éclaircira au « contact » de Mademoiselle Papillon. Les mots enthousiasmés de l’auteure, tout en vibrations résonnent de bout en bout du roman, jusqu’aux remerciements.
J’ai aussi envie de vous parler d’une autre plume percutante qui m’a complètement conquise l’année dernière, avec l’immersion dans la poignante lecture de « Né d’aucune femme » de Franck Bouysse. Nous voyons se dévoiler au fil des pages, la bouleversante histoire de Rose, à travers les yeux du curé Gabriel qui a « recueilli » les mots de Rose sur le papier déversés…Un roman sombre et déchirant, mais prenant, où des voix s’entremêlent pour conter « l’indicible », au travers de maux en cascade, qui laissent sans voix et qui prennent aux tripes tout du long… C’est un récit puissant qui démarre par la vente de Rose, 14 ans, par son père pauvre à un riche maître de forges pour une poignée de pièces d’or… Et ces mots de Rose qui résonnent encore une fois le livre clos : « les journées et les nuits étaient toutes pareilles, comme si c’était pas du temps, mais de l’eau glacée. Quelque chose était mort en dedans de moi, et pourtant je pouvais encore respirer, me déplacer ».
« Les enfants véritables » de Thibault Bérard est une lecture récente qu’il me tardait de découvrir après son émouvant premier roman « il est juste que les forts soient frappés », qui nous emportait dans un tourbillon d’émotions avec la rencontre de Théo et Sarah (la quarantaine inachevée nous y contant son histoire à rebours, où deux êtres s’apprivoisent, s’aiment intensément avant que le malheur ne les frappe…). Dans ce deuxième roman, on retrouve Théo et Cléo, son amour nouveau. C’est un vibrant récit qui peut être parcouru indépendamment du premier, et qui capte immédiatement l’attention par un regard généreux et délicat de l’auteur nous embarquant au côté de Cléo, être solaire et fragile à la fois, dont l’enfance singulière se dessine à plusieurs voix…Dans sa quête mouvementée du bonheur (familial) et face à sa maternité soudaine, Cléo nous partage ses doutes et ses espoirs, au cœur de vies qui s’agitent, se bousculent, s’apprivoisent, s’émeuvent, se décryptent….Une histoire palpitante, dépeignant une galerie d’âmes ébréchées, où se tissent des liens crescendo, et qui nous enthousiasme par les mots plein de vie et les maux vifs qui s’y égrainent….
Dans « Je ne cours plus qu’après mes rêves » de Bruno Combes, nous passons un agréable moment à suivre l’histoire des 3L, en prenant le temps d’accompagner Luisa (atteinte de la maladie d’Alzheimer), Louane (lycéenne en perte de repères) et Laurène (en réussite professionnelle mais terriblement seule) dans une belle aventure humaine. Il suffit parfois de suivre un Rêve pour donner le sens aux vies alentour et réveiller cette part de soi engluée dans la routine et les tracas. Un peu de légèreté le temps de quelques heures en compagnie des 3L pour rallumer des notes d’espoir quand la vie malmène…
« La somme de nos vies » de Sophie Astrabie est un roman lumineux, qui voit s’éclore au fil des pages, outre les belles fragrances des fleurs, les personnages attachants qui s’entrecroisent autour de la jeune Camille…qui se complaît à imaginer la vie des autres au lieu d’habiter pleinement la sienne. A peine le livre ouvert, nous nous laissons happer dans les fragments de vie mouvementée, bouleversante et riche d’émotions, qui se dévoilent; et à nous laisser tourbillonner par des questionnements qui nous traversent tous, à sourire du « beau » qui jaillit dans les regards et les attentions, à laisser la lumière percer certaines carapaces tenaces,…et ces mots qui continuent de graviter au bout des lèvres : « Dans chaque maison, il y a une âme, ma petite Camille. Il y a l’émotion des gens, leurs souvenirs, leurs secrets…même leur cœur. La vie est une grande succession de photographies que l’on oublie de prendre. Mais les maisons se souviennent… ». A l’image de la couverture, nous tentons à notre tour d’imaginer l’histoire des silhouettes perchées aux fenêtres.
« Ce que les étoiles doivent à la nuit » de Anne-Gaëlle Huon est une mise en bouche savoureuse pour découvrir sa plume touchante et lumineuse. Un réel plaisir de nous laisser transporter dans le méli-mélo d’émotions qui nous happe, nous bouscule et nous chavire au fil des maux qui s’égrainent dans la vie tourmentée de la cheffe parisienne Liz…Et à l’image des changements opérés dans son quotidien, riche de péripéties au pays basque, nous nous laissons traverser par les belles âmes environnantes… et nos papilles aussi ne sont pas à l’abri des surprises !
Prendre le temps d’aller vers une lecture enrichissante dans la découverte de soi, en plongeant dans les écrits de la psychanalyste et philosophe Anne Dufourmantelle, à travers « l’éloge du risque »…En faisant l’éloge de la prise de risque, elle nous invite à explorer et traverser des zones de risques (risque de faire des choix, risque de l’inconnu, risque de la passion, des solitudes, des angoisses, des dépendances, risque de la parole…). Et au fil des chapitres, elle nous interroge sur la question (essence-ciel) de prendre le risque de vivre, pour (mieux) nous réaliser….
Parmi les belles lectures estivales à parcourir, « Jolis jolis monstres » de Julien Dufresne-Lamy nous transporte quelques heures en compagnie de Lady Prudence et Mia, à des époques différentes, pour plonger sur trois décennies au cœur des histoires tantôt colorées et flamboyantes, mais aussi mouvementées des Drag Queen des années 80 à nos jours… C’est un livre qui évoque tout en délicatesse la tolérance, la différence, qui bouscule avec le sida ravageur et nous happe de mots en maux ; notamment, dans la peau de James et Victor, deux âmes cabossées, en quête de cette autre facette qui les complète… dans le monde de la nuit…
«Une forêt de laine et d’acier » de Myashita Natsu, est un titre énigmatique pour inviter à découvrir le milieu des artisans de l’ombre que sont les accordeurs de piano. Ce livre a la couverture constellée nous transporte aux côtés du jeune Tomura, qui après sa rencontre imprévue avec « un grand piano noir à l’odeur de la forêt », rêve à son tour de permettre aux notes de se déployer et briller au cours d’un long apprentissage parsemé d’aléas, de persévérance et de découvertes. C’est un livre où les mots s’infiltrent telles les notes envolées, libérées, à notre attention et s’animent avec sensibilité pour donner à percevoir ce précieux toucher qui permettra aux pianistes de peindre de beaux paysages en partage. Délicatesse, résonnance, clarté, imagination fertile se révèlent sous la plume inspirée de l’auteure.
Si la curiosité te dit, voici le récapitulatif des plumes à découvrir ou dévorer cet été, et plus de titres à explorer, si affinités…
- « Changer l’eau des fleurs », Valérie Perrin, février 2018, éditions Albin Michel
- « Mademoiselle Papillon », Alia Cardyn, octobre 2020,éditions Robert Laffont
- « Né d’aucune femme », Franck Bouysse, août 2020, éditions La manufacture de livres
- « Les enfants véritables », Thibault Bérard, avril 2021, éditions de l’Observatoire
- « Je ne cours plus qu’après mes rêves », Bruno Combes , mai 2019, éditions Michel Lafon
- « La somme de nos vies », Sophie Astrabie, juin 2020, éditions Flammarion
- « Ce que les étoiles doivent à la nuit », Anne-Gaëlle Huon, avril 2021, éditions Albin Michel
- « Eloge du risque », Anne Dufourmantelle, octobre 2014, éditions Rivages
- « Jolis jolis monstres », Julien Dufresne-Lamy, août 2020, Editions Harper Collins
- « Une forêt de laine et d’acier », Miyashita Natsu, juin 2020, collection Picquier poche
Un post qui va faire grandir ma PAL…